Portraits de toute une famille l'homme, la femme,
le bébé, le jeune garçon et le fils de seize ans.
en pleine merde des études, des études et cela durera
encore - un tel désordre, j'en suis navré.
De temps en temps, une toile qui fait tableau,
telle le Semeur, je crois mieux que le premier.
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Lundi
26
Gauguin
travaille à une peinture de lavandières avec une chèvre qui broute
devant. Les couleurs sont très belles mais je trouve son cadrage un
peu trop incompréhensible.
Mardi
27 novembre
Gauguin
se sert beaucoup de mes idées sur la couleur.
Lui est plus intéressé par la composition et ses tableaux
sont construits géométriquement, mais il a bien senti que chez moi
la couleur apporte elle-même des éléments forts et des sentiments
plus justes. En juxtaposant les couleurs, on obtient des effets
plus sensibles qu'en réfléchissant aux différents plans.
Il ne se rend pas compte de la chance qu'il a eu depuis qu'il est
ici, ni de la qualité des toiles qu'il fait maintenant.
Il parle maintenant de partir pour Bruxelles. il a été invité aux
Vingtistes et pas moi ?
Mercredi
28
G a fait
une nature morte avec un potiron très réussie. Il travaille plus
vite et mieux, mais l'ambiance n'est pas bonne.
Je préfère passer beaucoup de temps dans la famille
Roulin où j'ai beaucoup de portraits à faire. J'avais
besoin de nouveau de faire du portrait qui est la meilleures chose
pour m'affermir.
Jeudi
29
Je viens
de refaire un semeur grand format, avec un soleil citronné, un peu
comme celui de juin. Il croise un l'arbre en fleurs au premier plan
avec ses nouvelles pousses et aussi travaillé comme un portrait.
Vendredi
30
J'en ai eu assez de travailler de tête. C'est pourquoi j'ai eu envie
de retravailler sur le motif ou de refaire des portraits. Comme
il fait mauvais et que la famille Roulin est accueillante, je travaille
sans cesse au chaud, aussi pour montrer à Gauguin l'importance de
la figure.
Gauguin a peint un paysage avec des arbres.
Samedi
1er décembre
J'ai refait la toile du semeur en plus petit format. J'ai pu reprendre
certains éléments qui me gênaient et elle est plus réussie. Le semeur
a carrément la tête dans le soleil et l'arbre est très japonais,
comme celui que j'avais fait à Paris, au premier plan.
En fait, j'ai mélangé le portrait du tronc d'arbre d'il y a quelques
semaines au semeur de juin. C'est assez réussi, enfin une toile
qui fait tableau.
Dimanche 2 décembre
Gauguin fait un deuxième tableau de lavandières d'après les croquis
du canal de la Roubine, plus compréhensible que le premier.
Il est dans les paysages comme je suis dans les portraits.
Ses tableaux semblent moins touffus que les miens. Ils sont toujours
très construits et ordonnés, pas comme les miens qui me semblent
toujours un peu confus et où je ne dégage pas l'essentiel comme
il faut. En revanche, son travail sur les couleurs est un peu monotone.
Il travaille de façon très méthodique. D'abord avec des croquis
ou des dessins préparatoires qu'il reporte ensuite sur la toile
et compose ainsi avec ses différents éléments pour aboutir à autre
chose.
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