Ce ne sont pas des monstres, ces énormes sculptures
de pierres sont plutôt bienveillantes. Leur âge
surtout étonne : XVIe siècle, en pleine Renaissance
Italienne. Leur commanditaire, un condottiere fortuné qui
a voulu peupler ses jardins de figures mythologiques, d'animaux
géants, de bâtiments étonnants. Probablement
un illuminé qui, à l'instar de plus modernes
comme le facteur Cheval ou Gaudi, ou encore plus récemment
Niki de Saint Phalle, a voulu faire passer dans la pierre ses
fantasmes, sa folie. Il est sans doute le premier à avoir
fait réaliser une œuvre aussi démesurée.
Certes, les pharaons, les empereurs, les rois, les princes
et les gens fortunés ont fait bâtir bien avant
lui des palais qu'on peut qualifier de délirants, mais
cette maison cassée désaxée, penchée,
est complètement inattendue et iconoclaste. Le vertige
vous prend quand on pénètre dans ses chambres.
L'idée semble plutôt provenir d'un surréaliste
des années 30 que d'un individu du XVIe siècle.
La figure à la bouche ouverte et les escaliers a d'ailleurs été reprise
par Niki de Saint Phalle qui en a fait la sculpture d'entrée
de son parc. Elle a rajouté l'eau qui sort de la bouche
et cascade sur les escaliers pour se verser dans un plan d'eau.
Le Parc de Bomarzo, le "Bosco Sacro", appelé improprement
plus tardivement "Parc des Monstres", manifeste les
désirs et les obsessions d'Orsini, son commanditaire,
car ce sont ses désirs ou ses délires à lui
qui sont exprimés là. Son Maître d'œuvre,
le grand architecte Libero qui a probablement imprimé quelques
uns des siens ou à minima, interprété librement
ceux de son commanditaire.
La mystique exprimée là par Orsini est liée à sa
lecture du monde. On y retrouve l’essentiel de la mythologie
de la Grèce antique qui a imprégné le
monde occidental et l'imprègne encore, ainsi que quelques
thèmes récurrents de la Renaissance Italienne.
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Les mythes sont des tentatives d'explications
du monde ainsi que des modèles sociaux contenant une
morale implicite. Les mythes mélangent et condensent
des personnages, des animaux ou des formes surnaturelles à des êtres
humains. On y retrouve aussi des dieux issus de la mythologie
grecque : Hercule et Cacus, Proserpine, les trois grâces,
Neptune, etc. Ainsi, depuis l'aube de l'humanité et
dans les premières
peintures rupestres, certains animaux sont dotés
de statuts particuliers : taureaux, éléphants,
ours… C’est pourquoi le Bosco sacro est peuplé d’animaux,
mais aussi de figures mythologiques : sphinx (à l'entrée),
dragons, cerbères, ogres.
Au plus haut, un mini temple grec.