Padou et la Brenta

Padova

La ville de Saint Antoine de Padoue, sanctuaire et lieu de pèlerinage, est aussi une des plus charmantes villes italiennes.
Cité étrusque devenue région romaine, elle s’enorgueillit d’être la plus ancienne cité italienne. Dès 1222, elle a une grande université fréquentée plus tard par Pic de la Mirandole, Copernic, Galilée. Elle passera au début du XVe s sous domination vénitienne.
Toute la ville est agréable à visiter, parsemée de charmantes places plus ou moins grandes (Piazza delle herbe, delle frutta, Piazza demi Signori, Piazza Cavour, etc). Au détour des ruelles à colonnades et porches on découvre de belle bâtisses et d’anciens palais.

La première visite est pour la Basilique du Saint. Grand érudit et impressionnant orateur, Saint Antoine de Padoue, celui qui fait trouver tout, sera canonisé pour rendre hommage à ses nombreuses guérisons. La basilique est très grande, les plafonds sont superbes, les murs couverte de belles peintures mais l’ensemble est surchargé de sculptures, de colonnades, de stucs, de dorures.

Au centre de la ville, le Palais de la Raison a une des salles suspendues les plus grandes au monde (81 x 27m au sol pour une hauteur de 27m) au plafond de bois constitué de voutes. Appelée « Salon » elle présente sur ses murs un magnifique cycle de fresques aux thèmes  astrologiques (réalisés entre 1425 et 1440) représentant les influences des astres sur la vie et les activités humaines.
En-dessous du Salon, le marché voûté où on trouve tous les produits du pays.

Ghetto
Entre le XVIe et le XVIIe siècle, une communauté juive originaire d’Espagne très active a aidé au développement de la ville. Elle habite un grand ghetto au cœur de la ville aux immeubles hauts et aux rues étroites.
Les siècles suivants, les persécutions ont fait fuir une partie d’entre eux (notamment pour la Corse ou le nom de Padovani est encore fréquent). La synagogue du XVIe siècle (de rite italien), est encore active.

Eglise Duomo
De l’extérieur en briques, on ne s’attend pas à découvrir la richesse de la décoration intérieure. La voûte est un ciel bleu sombre, Les murs couverts de fresques du 14e siècle, représentant des scènes de la Bible sont dues dues à Giusto del Menabuoi. Tres colorées, mais d’un autre style que celles de Giotto (dont on sent l’influence), elles sont aussi belles,  lumineuses.

Café Pedrocchi
En quelques jours, nous avons pris nos Spritz habitudes au bar restaurant historique, le café Pedrocchi. Abrité dans un édifice néoclassique, il présente trois salles aux couleurs de l’italie : verte, rouge et blanche. Le café est connu pour avoir été le foyer de révolutionnaires. De là sont partis des émeutes estudiantines en révolte contre le pouvoir autrichien. Fréquenté aussi par Stendhal, Byron, Dario Fo, etc. Sa terrasse qui donne sur la petite place Pedrocchi est un délice.

Chapelle Scrovegni
La plus belle des chapelles peintes. Une merveille. Pas étonnant qu’ils en prennent autant soin. L’enceinte est blindée et l’atmosphere mesurée en permanence. Il faut réserver longtemps à l’avance. Avant d’y pénétrer, est projeté un petit film de présentation (dans une salle de décontamination), ensuite la visite de la Chapelle dure quinze minutes, pas plus. Avant d’accueillir le prochain groupe, l’air est  rééquilibré.
Scrovegni, un riche padouan l’a faite construire dans une aile de son château, pour racheter la mémoire de son père usurier. Il est d’ailleurs représenté sur une fresque avec des habits de couleur mauve, symbole de pénitence (son château sera démoli, mais heureusement pas la Chapelle).

On est émerveillé des couleurs fraîches de cette petite chapelle peinte entre 1303 et 1306  par Giotto qui a réalisé ce cycle de fresques pour lequel il a travaillé pendant trois ans (elle a été restaurée en 2001).
Sur les murs sont représentés des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, une suite chronologique depuis la vie d’Anne et Joaquim, les parents de la Vierge jusqu’a la Résurrection du Christ.
Les scènes sont séparées verticalement par des bandes de marbre décorées de médaillons et formant des tableaux encadrés où les personnage sont peints presque en grandeur nature, ce qui donne une grande unité à la fresque et une grande proximité avec les personnages.
Tout est superbe : les faux marbres, entrelacs, dallages, têtes de prophètes dans des fenêtres polylobées, la voûte au fond bleu d'azur couverte d'étoiles d'or, la beauté et la majesté des personnages habillés de vêtement colorés aux drapés magnifiques, les décors architecturaux et surtout les expressions sur les visages.
Giotto, inventeur de la perspective est aussi un des premiers à exprimer des émotions humaines. Les personnages ne sont plus codifiés, symboliques, mais humanisés avec sur chaque visage une émotion différente.
Sur le mur face au chœur, trône Dieu avec en dessous le paradis et l’enfer (dont la vision est fortement influencée par Dante), un enfer représenté par ses trois grandes flammes séparant les scènes infernales ou sont brûlés, dévorés, battus, etc., les damnés.  Un chef d’œuvre.

Dolo.
Charmant village sur la Brenta avec une jolie placette avec un moulin devenu bar très sympa.

Brenta
Entre Venise et Padoue, la Brenta était au XVIe siècle en quelque sorte le prolongement du grand canal de Venise. A partir du mois de juin, les riches familles rejoignaient leurs somptueuses villas sur les bords de la Brenta.


Un nouvel art de vivre s’y déploie : des fêtes, des jeux, des spectacles. Chacun voulant éblouir ses amis, invitait les plus célèbres des peintres, sculpteurs, artisans d’art (du verre, du fer, de la céramique, etc.) à la décoration de leurs demeures.,,,
De très nombreux bateaux remontaient la Brenta en une journée, franchissant les écluses jusqu’à Padoue, laissant admirer les centaines de villas bordant le fleuve (plus de 4000 - de très nombreuses sont classées monuments historiques).
La balade est encore agréable, mais bien sûr les rives de la Brenta sont aujourd’hui couvertes de constructions là où à perte de vue, des champs bucoliques s’étendaient.
Certaines villas, parmi les plus belles sont visitables.

Villa Pisani
S’étendant sur une superficie de 11 hectares, elle comprend 114 chambres. Construite en 1721, elle est une des plus grandes. Ses propriétaires successifs ont constitué des collections importantes d’œuvres de Giambattista Tiepolo, Giovanni Battista Crosato, etc.
Le parc de la villa (nommé « plus beau parc d’Italie » en 2008) est parsemé de statues.
Les salles témoignent de la vie dans la villa Pisani : salle du Triomphe de Bacchus, salle des Vacances, salon-salle à manger, etc. Dans la salle de danse, au centre de la villa, Giambattista Tiepolo a peint une fresque sur le mur avec l’inscription « Gloire à la famille Pisani ».
Certaines salles réalisées dans le style Napoléon, dont une belle chambre aux initiales de l’empereur gravées sur le plafond,
Les monochromes de Giovanni Carlo Bevilacqua racontent le mythe de Eros et Psyché, et les meubles dans le style impérial ont été réalisés spécialement pour la villa.

 
Villa Widmann Rezzonico Foscari
De dimensions beaucoup plus modestes, la villa présente dans l’entrée un énorme lustre en verre polychrome de Murano
On accède ensuite au salon des fêtes aux hauts plafonds à mezzanine ornées de balustrades en fer forgée où les musiciens se plaçaient pour jouer.
Aux murs, des scènes à caractère mythologique de Giuseppe Angeli et Girolamo Mengozzi Colonna, encadrées de stucs, le tout d’un style des plus Rococo.
De grands et beaux tilleuls bordent les allées d’un parc peuplé de statues.

Villa Malcontenta Foscari
La plus belle. Conçue par Andrea Palladio, le grand architecte de la Renaissance, elle a une allure de temple grec avec ses deux escaliers et ses impressionnantes colonnades.
Napoléon l'a achetée pour n'y dormir qu'une nuit.
Recouverte de sublimes fresques reprenant des thèmes mythologiques, elle est presque habitable avec son entrée majestueuse, ses petits salons blancs décorés de motifs romains élégants, ses  fenêtres donnant sur le parc, sa chambre à coucher, etc. Elle appartient encore à des propriétaires privés qui autorisent la visite.

Venezia
La fin de la promenade en bateau débouche sur la magnifique lagune de Venise. L’arrivée par la mer est impressionnante. Venise et les îles au loin, la Giudecca qu’on traverse pour arriver à la riva Schiavoni où on débarque, après la calme traversée de la Breta au milieu d’une foule bigarrée de touristes.


Nous profitons d’être à Venise pour aller voir les lieux où a vécu Modigliani : son atelier et la modeste maison près de l’Academia. Puis retour en bus à Padoue.

 

VOIR LE FILM DU VOYAGE : https://www.youtube.com/watch?v=GWgLS1qPAew&feature=youtu.be