Les Non dupes errent dans les enfers fiscaux

Sommes-nous si dupes que ça ? Des faits divers récents nous prouvent une fois de plus que "les plus riches" (mettez le terme qui vous semble le plus adéquat) n'ont aucune éthique, se foutent du monde avec cynisme et font passer leur intérêt avant celui de la collectivité.
Qu'on l'appelle : "défiscalisation", "optimisation fiscale", "délocalisation", "dépaysement" (un joli mot pourtant), voire "blanchiment", etc., cela revient au même. C'est de l'argent qui devrait être là afin d'aider la collectivité à mieux vivre.
Je ne dis pas "tous pourris" et je ne parle pas des politiques (quoi que...), mais de lois qui seraient mieux faites, votées par des élus qui refusent d'être dupes. Des lois qui permettraient de remettre un peu d'ordre, d'égalité, d'équité et de responsabilité chez ceux qui ont accumulé des capitaux au détriment de ceux qui les ont justement aidé à les accumuler : ouvriers, petites entreprises, prestataires, etc.
Combien d'argent dans les paradis fiscaux ? Quelle morale, quel respect de l'autre peuvent invoquer les gouvernements de ces "paradis" (enfers pour les autres) qui trichent avec les lois, avec la morale minimum, permettant aussi que l'argent du crime dorme à côté du leur ? Ce sont ceux-là mêmes qui se plaignent ensuite des petits voyous qui troublent l'ordre public.
Qui crée le désordre du monde, l'inégalité, l'iniquité ? Les voyous à col blancs et Roleix qui, au nom d'une meilleure rentabilité, d'un clic de souris suppriment des centaines d'ETP (ils ont appelé ça d'un nom technique : "Equivalent Temps Plein" pour ne pas voir qu'ils mettaient des gens au chômage, détruisant des vies, des familles). Cyniques ils sont ! Et les (nos) gouvernements qui ont permis (et permettent encore) ce bordel financier.
Qui sont les putes, les esclaves, les victimes ? Qui sont les voyous, qui sont ceux qui remettent en cause la société, la solidarité ?
Si c'est une lutte des classes, Warren Buffett (un des plus riches) l'a dit récemment, c'est sa classe qui a gagné et largement... !
25 000 milliards d'euros dans les paradis fiscaux... Qui pourraient se partager entre tous les terriens, correctement répartis. Le monde ne sera-t-il pas meilleur ?
Vu comment est (mal) foutu l'homme, on peut en douter, mais nous aurions probablement moins de guerres, de misère, de délinquance, de haine... Et les riches resteraient probablement riches (il le seraient moins, c'est tout). S'ils étaient un peu intelligents et moins cupides, ils sauraient qu'ils gagneraient à vivre dans une société moins tendue...
Alors ?
Il semble que ça bouge depuis quelques jours. Heureusement, on dirait que les offshore leaks donnent quelques sérieux coups de pied dans cet immense panier de crabes. Les gouvernements et leurs administrations fiscales vont-ils réagir comme ils auraient dû le faire depuis des années ?
À suivre....

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Ondine, L'Utilité de l'inutilité

Face à la dictature de l'avoir sur l'être, du passé et du futur sur le présent,
Face à l'utilitarisme qui condamne les hommes à devenir des esclaves, des marchandises,
Face à la force destructrice, à l'intégrisme du dieu argent,
Face à la révolution désormais impossible,
Ondine proclame l'inutile, le gratuit, le désintéressement.

En un siècle voué à l'utilité, il devient capital d'attirer l'attention sur l'inutile. Il n'y a rien d'inutile en nature même, pas l'inutilité même.
Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art.
L'Art est indépendant de toute obligation moraliste et utilitariste. Pour Ovide, "Rien de plus utile que les arts inutiles" et pour Cioran : "toute forme d'élévation suppose l'inutile".
La littérature fourmille de textes renvoyant l'utile à sa place, celle des latrines, la seule chose vraiment utile dans une maison !

À la question : "qu'est-ce que vous faites ? posée à un élève qui semblait faire des choses incompréhensibles alors qu'il était censé travailler une matière médicale, l'élève a répondu : "je m'amuse".
Il poursuivait en fait sa propre idée qui allait faire naître des années plus tard, l'essentiel des études de bactériologie. Ondine donne aussi l'exemple des recherches de Marconi qui n'ont été faites que pour satisfaire une curiosité théorique.
Aucune invention importante n'a été faite dans un but d'utilité. La vraie science est purement spéculative, les recherches sans objets. Le savant étudie parce qu'il y prend plaisir ou pour suivre sa curiosité naturelle. Comme l'art, la science est un jeu de l'esprit.
Le savant suit son propre cheminement mental sans chercher une quelconque utilité.
Il rencontre des formes, des idées ou des matériaux, leur trouve ou leur invente une logique. Il peut faire ensuite des propositions sans arrêter la recherche, sa cueillette de choses.
Les mathématiques, un art comparable à la musique et la peinture, poursuivent un but esthétique et philosophique désintéressé, elles inventent le monde à venir.
Nous avons le devoir de demeurer fidèles à l'éthique d'une recherche désintéressée.
L'utile doit être pris au sens de salutaire, ce qui amène l'humain près de soi

Mnémosyne est la déesse mère des arts et des savoirs. Sans elle, sans passé, impossible de comprendre le présent et le futur et perd son identité.
Au cours de la fête qui célèbre la naissance d'Aphrodite, Poros, Dieu de la Ressource, ivre de nectar, s'unit à Penia, déesse de l'indigence. De leur union naît Éros, ni pauvre ni riche, médiateur entre ignorance et sagesse.

Le philosophe, amoureux de la sagesse, tente de l'approcher en la poursuivant toute sa vie. La philosophie est libre puisqu'elle n'a d'autre objet qu'elle même.
La seule possibilité de garder ou d'atteindre notre dignité humaine nous est donnée par la culture. Même si elle est superflue et n'a pas empêché la barbarie, elle est une lueur d'espoir qui nous permet de rester sur la juste voie. L'ignorance est le plus grand péril : "On ne combat pas la crise en taillant dans le budget de la culture mais en le doublant". Hugo
Un monde sans littérature, dans désir, sans idéal, sans art serait un monde d'automates.
L'art est ce qui console le mieux de vivre. Un pays ou on ne comprend pas l'art est un pays d'esclaves ou de robots, un pays de gens malheureux qui ne rient pas.
Sans le rire, c'est la colère et la haine.

La connaissance est une richesse qu'on peut donner sans s'appauvrir, elle est en dehors du profit. L'homme devient plus pauvre quand il croit s'enrichir.
Donner compte davantage que recevoir. Ce qui unit deux êtres est un lien désintéressé plus fort que les intérêts individuels. La possession, la religion intégriste et le profit sont mortels alors que la recherche déliée d'utilitarisme rend l'humanité plus libre, plus tolérante et humaine.
Que représente l'argent face aux découvertes de Pasteur ?
Les hommes libres n'ont pas de comptes à rendre, ne sont pas soumis au temps, ni au patron.
C'est le jouir, non le posséder qui rend heureux.

Se modeler dans l'argile de nos rêves
Il faut chanter la vraie vie, celles des dieux et des hommes heureux, privilégier l'être au paraître. Laisser venir en présence le présent lui même.
Être confiant, à l'écoute. Les réalités les plus présentes sont les plus difficiles à voir ou à exprimer. Il s'agit d'apercevoir les choses derrière les choses, d'entendre ce que raconte la nature. Pour cela, il est nécessaire d'aller sous l'écorce pour trouver derrière l'apparence la véritable essence des choses, l'essentiel, l'universel, le sublime.
Il faut aussi être attentif aux petites joies des gestes quotidiens. C'est dans les plus petites choses on saisit ce qui est grand : un sourire, la tendresse d'un baiser, admirer les beautés qui nous entourent : couchers de soleil, paysages, nuit étoilée... On appelle beau ce qui procure une satisfaction. Le délectable est plus utile que l'utile.
Voyager pour acquérir de nouvelles connaissances, enrichir sa culture, sa mémoire, est plus important qu'avoir de l'argent. "Je me passerais plus volontiers de bottes que de poèmes" (Théophile Gautier).
Le simple geste de cueillir une fleur pour l'offrir indique l'homme. En offrant une fleur à sa compagne, l'homme primitif a transcendé la brute.
Pour sortir de l'enfer des vivants, il s'agit de chercher à reconnaître ce qui au milieu de l'enfer n'est pas l'enfer et le faire durer.

1er novembre 2015

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En quête du sublime / Herman Hesse
L'homme multiple

Si en tant que corps, nous sommes un, en tant qu'âme, nous sommes multiples. Il n'est pas de moi qui soit un. Comme un ciel étoilé, nous sommes un ensemble chaotique de formes de degrés d'évolution, d'états, d'hérédités, de potentialités.
Le fait de considérer ce chaos comme une unité et à parler de soi comme d'un phénomène simple, structuré, délimité, est une illusion fondée sur une simple analogie née dans l'antiquité, qui en se référant au corps visible, à inventé la fiction du moi, de l'individu.
Dans les œuvres de l'Inde ancienne, les héros des épopées sont un enchevêtrement d'êtres, des incarnations successives et dans la littérature, de multiples aspects de l'âme apparaissent derrière les personnages et les caractères. (Une foule d'autres âmes habitent la poitrine de Faust).
L'être humain est un chaos où des milliards de neurones se connectent dans un ordre incompréhensible. On en a l'intuition quand on rêve. L'homme n'est pas une création achevée, stable et durable, il est une tentative ou une transition, une revendication de l'esprit, une possibilité autant désirée que crainte, une passerelle étroite et périlleuse traversant le temps. Sa destinée d'un côté est tournée vers le monde spirituel, de l'autre vers la nature, deux pouvoirs entre lesquels son existence est ballotée.
Tout ce qui fait partie de la création existe dans le flot impur du devenir et porte en son sein la culpabilité, la multiplicité. Aussi, il est nécessaire de pénétrer dans les profondeurs de ce chaos et prendre pleinement conscience de son être.

Contrairement au discours courant, les enfants ne connaissent pas la félicité. Pour retrouver l'innocence, il faut aller en avant, se dévouer, accepter la douleur, endurer la solitude qui réduit l'atmosphère enveloppant l'être. L'homme en devenir se construit en enrichissant sa multiplicité, en rendant plus complexe la complexité.
Au lieu de rétrécir l'univers, de simplifier l'esprit, il faut accueillir dans son âme élargie une part toujours plus grande du monde et finalement le monde entier pour parvenir au stade ultime, à la
fusion avec l'univers car l'expansion de l'âme est capable d'embrasser l'universel,
S'abandonner au changement conduit à l'immortalité. Il faut chercher la voie qui mène à l'épanouissement de l'homme qui recherche l'esprit.

Mars 2014

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Réflexions sur le futur

Le futur ne se pré-dit pas, ne se décrit pas. Il se dit. Au présent. Il est une expansion du présent et s'élabore dans le chaos où se détermine le cours des choses. Envisagé durant l'histoire comme cyclique, messianique ou indéfini, le futur est une des modalités du réel. Si certaines tendances sont déjà là, d'autres événements qui ne se sont pas encore produits vont participer à sa complexe maturation. S'Il existe quelques domaines (démographie, expansion cosmique) où il est prévisible car obéissant à des lois mathématiques, pour tous les autres, il existe au mieux des probabilités de futurs possibles.
Pas plus que le futur, le passé n'est objectivable. Il n'est vivant que s'il est réétudié et reformulé dans les termes du présent. Il est toujours reconstruit. Comme pour un film, les événements sont réarticulés et c'est le montage final qui en donne le sens.
Le futur et le passé se réinventent en permanence en s'étayant l'un l'autre. Nous sommes pris dans un récit à l'intérieur d'un réseau de récits.
Nous ne vivons pas non plus dans un pur présent. Le cerveau anticipe, se projette dans l'avenir le plus souvent immédiat.
Le présent, chargé déjà du passé, est doté d'un imaginaire du futur. Il est prospectiviste.

L'être, on ne peut le dire, il est trop complexe, le non être, on ne peut en parler, il y a donc que le futur (le plus souvent annoncé comme catastrophique) dont on peut parler. Aussi, pour créer une prospective de l'imprédictible, il est nécessaire de chercher dans les mouvements de fond les tendances stables, les lignes de force, de repérer les nouvelles formes. Il faut connaître le connu pour le plonger dans un bain d'inconnu pertinent. Dire le futur, c'est montrer un chemin.
Nous avons le devoir de peser sur le futur, de le libérer en créant de nouveaux récits d'avenir.
Un nouveau paradigme du futur, tendances

Michel Serre, Une nouvelle communauté
Pour la première fois, l'humanité entière peut communiquer avec elle-même, en direct.
De nouvelles relations, des regroupements impensables auparavant, se construisent, qui vont changer le monde. Une communauté humaine transcendant toutes les cultures et les langues, tout en les respectant, est déjà là. Encore balbutiante (même pas dix ans), cette nouvelle société d'individus connectés entre eux a déjà montré quelques effets : révoltes arabes, transparence obligée par l'explosion des diffuseurs d'informations, des lanceurs d'alerte, etc., mais l'essentiel est à venir.
Toute la culture du monde, toutes les cultures sont accessibles, à nous de nous en emparer pour en faire notre miel, pour enrichir notre singularité.
Les outils qui ont toujours qui ont toujours externalisé nos forces (du levier aux machines outils puis à l'ordinateur portable, aux tablettes), se sont multipliés. Comme tout est numérisable, unifiable par le numérique, toutes les disciplines s'en trouvent transformées. Des assistants multiples pour toutes nos activités nous permettent déjà d'être plus rapides et d'en faire plus, toujours en interconnexion avec nos amis et relations
Grâce au savoir décentré, horizontalisé, mobile, l'intelligence collective connectée donnera naissance à un nouveau monde où tout le monde pourra s'exprimer, où on pourra entendre la voix de tous et de chacun. Nous pourrons voter en permanence, créer des mouvements d'idées, fédérer en quelques heures des millions d'individus.
Comme tous les métiers de l’avenir sont fondés sur ce que l’on n’apprend pas encore à l’école, il ne sert à rien d’enseigner le monde technique d’aujourd’hui vu qu’il n’existera plus demain. Tout le savoir du monde étant accessible en quelques clics, nous devons plutôt apprendre à chercher, à réfléchir par soi-même et à vérifier les informations. Une culture générale tenant compte de la complexité nous aidera à penser autrement, avec de nouvelles idées.

Rifkin, Paradigme 2.0
Pour Rifkin, la révolution scientifique et technique que nous vivons entraîne le brouillage des structures producteur/consommateur. L'utilisation décentralisée des énergies nouvelles et le partage d'informations vont créer des synergies qui nécessitent la transmutation de nos activités, et leur hybridation.
Les progrès techniques et la mondialisation ne permettant plus d'assurer le plein emploi, l'ère industrielle fondée sur le travail de masse va disparaître. Le secteur public tendant lui aussi à s'alléger, il s'agit compenser les emplois perdus en développant un "tiers-secteur" non-marchand. La nature humaine matérialiste, égoïste, utilitariste, hédoniste, nous prédisposant aussi à l'empathie, il sera nécessaire de trouver un ajustement qui permette de rétablir un équilibre durable entre les humains, les animaux et la biosphère.

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Ondine, l'Inutilité
En un siècle voué à l'utilité, il devient capital d'attirer l'attention sur l'inutile. Il n'y a rien d'inutile en nature, pas même l'inutilité. Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art. L'art et la science sont indépendants de toute obligation moraliste et utilitariste. Au PNB, produit national brut, il sera nécessaire de substituer une autre mesure, un BNB, bonheur National Brut.

Amar, Mobilité, Reliance
Nouveau paradigme de la mobilité : la mobilité n'est plus du temps perdu. Elle est nécessaire pour desserrer les liens pour en renouer d'autres. Nous ne sommes plus attachés à des lieux, (télétravail) et nous pouvons communiquer en nous déplaçant.
L'informatique, la mise en réseaux nous a habitué à utiliser les hyperliens qui nous font passer d'un domaine à un autre (semblables aux associations d'idées que fait notre cerveau en permanence). La création et la surmultiplication de nouveaux liens, l'horizontalité des relations ouvrent la voie à une plus grande solidarité.

Hesse, L'homme multiple
Si en tant que corps, nous sommes un, en tant qu'esprit, nous sommes multiples. Il n'est pas de moi qui soit un. Comme un ciel étoilé, nous sommes un ensemble chaotique de formes de degrés d'évolution, d'états, d'hérédités, de potentialités.
Le fait de considérer ce chaos comme une unité et à parler de soi comme d'un phénomène simple, structuré, délimité, est une illusion fondée sur une simple analogie née dans l'antiquité, qui en se référant au corps visible, a inventé la fiction du moi, de l'individu.
Dans les œuvres de l'Inde ancienne, les héros des épopées sont un enchevêtrement d'êtres, des incarnations successives et dans la littérature, de multiples aspects de l'âme apparaissent derrière les personnages et les caractères. (Une foule d'autres âmes habitent la poitrine de Faust).
L'être humain est un chaos où des milliards de neurones se connectent dans un ordre encore incompréhensible (on en a l'intuition quand on rêve). L'homme n'est pas une création achevée, stable et durable, il est une tentative ou une transition, une revendication de l'esprit, une possibilité autant désirée que crainte, une passerelle étroite et périlleuse traversant le temps. Sa destinée d'un côté est tournée vers le monde spirituel, de l'autre vers la nature, deux forces entre lesquelles son existence est ballotée.
Tout ce qui fait partie de la création existe dans le flot impur du devenir et porte en son sein la culpabilité, la multiplicité. Aussi, il est nécessaire de pénétrer dans les profondeurs de ce chaos et prendre pleinement conscience de son être.

La culture contre l'identité
Les cultures n’ont pas disparu, elles ont été sacrifiées sur le bûcher des identités. Dès que l’on se réclame d’une identité, on perd une partie de sa culture. Or il n’y a pas d’humanité sans universel. On a sacrifié la culture à l’identité, et de l’identité rien ne sort : ni culture ni universel.
Il s'agit de redonner sa vraie place à la culture, aux cultures.

Les nouvelles technologies annoncent le futur
Les nanotechnologies sont de plus en plus capables de fabriquer et de manipuler des structures (électroniques, chimiques, etc.), des dispositifs et des systèmes à l'échelle du nanomètre.
La récente mise à plat du génome humain ouvre la voie à toute une panoplie de thérapies géniques. On pourra prévoir des maladies et empêcher leur surgissement.
Les biotechnologies savent manipuler la cellule pour lui faire produire tel ou tel tissu (pour le remplacer ou régénérer)
De nouvelles substances arrivent qui vont se substituer aux plus polluantes (herbe à éléphant à la place du caoutchouc et des carburants du pétrole, nouvelles fibres, etc.).
Grâce au "cristal d'Aquaman", un matériau cristallin, on pourra respirer sous l'eau. Quelques grains contiennent assez d'oxygène pour une respiration humaine. Des villes sous-marines, un vieux rêve humain, sont enfin possibles.
Et bien d'autres avancées...

Avènement de l'Homopoétis
Il est nécessaire de changer notre manière d'habiter la Terre. Notre relation à la terre doit devenir sensible, esthétique et épistémique. Une mutation poétique (de poiein : faire, travailler) est nécessaire. Le poète est celui qui voit et qui dit, il est voyant parce que disant et réciproquement.
Le futur est l'éthique de l'amour. Aimer le futur, c'est accroître ses potentialités. Il faut le "bien-dire", (le bénir) avec générosité (de générer), le régénérer
Nous devons inclure le poétique et le poiétique (processus) dans toutes nos activités, créer une une cosmopoétique culturelle universelle afin d'aborder un futuromantique.

21 juin 2015

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L'adieu (sans regrets) au vieux monde

Qui aurait dit que le téléphone marié à l'ordinateur nous permettrait un jour d'accéder à tout le savoir humain et nous offrirait en plus la possibilité de communiquer avec tous les individus vivant sur cette terre ? Ni les livres ou les films de Science-fiction les plus pointus ne l'avaient envisagé.
Le langage (qui définit l'être humain, le parlêtre), puis l'écriture (du langage mémorisable et transportable), puis l'imprimerie (qui exporte la langue encore plus loin et plus massivement) ont été des ?tapes fondamentales du développement de l'homme et des sociétés. La pédagogie qui fut inventée par les Grecs au moment de la propagation de l'écriture s'est transformée quand a émergé l'imprimerie à la Renaissance. Nous assistons aujourd'hui à un phénomène semblable.
Pour la première fois, l'humanité entière peut communiquer avec elle-même, en direct. De nouvelles relations, des regroupements impensables auparavant, se construisent, qui vont changer le monde. Une communauté humaine transcendant toutes les cultures et les langues, tout en les respectant, est déjà là. Encore balbutiante (même pas dix ans), cette nouvelle société d'individus connectés entre eux a déjà montré quelques effets : révoltes arabes, transparence obligée par l'explosion des diffuseurs d'informations, des lanceurs d'alerte, etc., mais l'essentiel est à venir.
Peu de penseurs travaillent sur ce changement de paradigme. Heureusement, un des plus grands, Michel Serre, nous montre la voie de l'avenir dans son livre "Petite Poucette". Écoutons-le.
Les outils qui ont toujours qui ont toujours externalisé nos forces (du levier aux machines outils puis à l'ordinateur portable, aux tablettes), se sont multipliés. Comme tout est numérisable, unifiable par le numérique, toutes les disciplines s'en trouvent transformées. Des assistants multiples pour toutes nos activités nous permettent déjà d'être plus rapides et d'en faire plus, toujours en interconnexion avec nos amis et relations.
Ce qui va changer ou s'améliorer considérablement :
- plus de claviers (reconnaissance vocale et enregistrement automatique de nos paroles),
- presque plus de boîte à transporter (Google glass, montres, tissus vestimentaires intégrés bourrés d'informatique, etc.)
- plus de barrières de langue (traducteurs automatiques performants),
- plus besoin de mémoriser les connaissances, il suffit d'apprendre à chercher.
- La notion de propriété va changer aussi puisque ce qui est partagé ne nous appauvrit pas, l'objet restant au créateur,
- Le savoir diffusé à l'origine en rouleaux, puis en livres est maintenant devenu virtuel, on quitte le geste du laboureur. On n'a plus affaire à des pages, mais à des formes hybrides de textes avec hyper liens.
- Tout le savoir du monde sera offert à tous, expliqué, documenté, sans plus d'erreurs que les encyclopédies ou les livres.
- Plus de corps contraints, alignés tournés vers l'estrade, l'autel, le trône,
- Plus d'idéologies, de savoir pré-digéré, plus de maîtres à penser, fin du bavardage des experts,
- Pus de puissants, de décideurs, mais des hommes décidés à ne plus se laisser faire, à accepter de vouloir changer, de prendre leur vie en mains dans la reconnaissance et le respect des autres.
- plus de savoir découpé, classé, organisé, mais de la sérendipité, du disparate qui favorise le mouvement, le jeu qui provoque l'invention,
- plus de généralités, mais du particulier, du singulier, de l'original,
- plus de manipulations, chacun auto-contrôlant son activité et les informations reçues,
- obsolètes l'armée, la nation, les institutions religieuses, la famille, les classes, etc., toutes abstractions meurtrières, massacreuses d'humains. Il n'y a rien à regretter de cet abominable XXe siècle de racisme, de tueries de dizaines de millions d'individus, de régimes autoritaires, d'industrialisation destructrice de la nature, d'écrasement de cultures millénaires, de langues, etc.
- plus d'institutions solennelles, mais une démocratie généralisée de petites unités s'organisant entre elles, échangeant instantanément, trouvant des solutions, s'auto-régulant en permanence, renversant progressivement l'iceberg,
- plus de société du spectacle, mais des acteurs créateurs, le seul acte intellectuel authentique étant l'invention.
Grâce au savoir décentré, horizontalisé, mobile, l'intelligence collective connectée donnera naissance à un nouveau monde où tout le monde pourra s'exprimer, où on pourra entendre la voix de tous et de chacun. Nous pourrons voter en permanence, créer des mouvements d'idées, fédérer en quelques heures des millions d'individus.
Comme tous les métiers de l’avenir sont fondés sur ce que l’on n’apprend pas à l’école, il ne sert à rien d’enseigner le monde d’aujourd’hui vu qu’il n’existera plus demain.
Il faut maintenant penser autrement, avec de nouvelles idées.
Internet qui abolit les distances est aussi utile pour la communication proche (la communauté linguistique, la ville, le quartier, voire l'immeuble, peuvent s'organiser différemment). Des milliers d'initiatives associatives vont répondre à toutes nos identités différentes (d'une ville, d'une région, d'intérêts particuliers : “je suis niçois, du quartier Garibaldi, je m'intéresse à ma ville, à ma région, mais aussi à mes origines judéo-marocaines, j'aime le foot, les émissions culturelles, les voyages, les sciences, la psychanalyse, etc., tous thèmes pour lesquels je peux échanger simultanément avec ceux qui ont les mêmes pôles d'intérêt)”.
On ne peut plus rien cacher, la transparence s'impose. Même les institutions hyper puissantes comme la CIA ou la NSA ne tiennent plus leurs troupes. Snowden a dit avec raison que ce qu'il a fait était pour le bien de tous les hommes.
Des nouvelles agences de presse se créent à toute allure, débordant les vieilles institutions. La communication est horizontale, en réseaux, débordant toutes les organisations sociales. Les lanceurs d'alerte existent dans tous les domaines, en économie, comme dans tous les secteurs de production.
Grâce à Internet, l'approche des autres de manière virtuelle est non agressive, respectueuse, réflexive. Elle ouvre aux rencontres réelles, au partage, à la générosité.
Tous les humains connectés pourront décider de leur avenir commun.
Les puissants commencent à se poser des questions (1), ils sentent que la terre tremble sous leurs pas, ils sont désemparés par ce qui se passe et à la vitesse où ça va. Tous ces regroupements informels effraient les puissants d'aujourd'hui par leur potentiel d'action...
Bien sûr, cela va prendre encore un peu de temps et ne se fera pas sans mal et sans nouvelles perversions. il va être nécessaire de se désintoxiquer progressivement de cette société marchande cupide, de ses produits à l'obsolescence programmée. Il faudra apprendre à différer le profit immédiat, choisir le durable, le long terme, l'anticipation, l'amour, la Vie.

1. Un article paru dans Le Monde évoque le désemparement des élites : "Les citoyens réinventent la société à leur échelle".

2014

 

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Réflexions sur réflexion sur l'image photographique

Le temps
La reproduction ou la représentation de la réalité en deux dimensions existaient déjà dans le dessin et la peinture. Ce qui distingue l'image photographique, c'est sa relative fidélité, mais surtout son instantanéité qui est dû à une mécanique fixant la lumière d'un instant. En cela, elle a d'abord à voir avec le temps.
Devant une photo-graphie (écriture avec de la lumière), on est toujours devant une temporalité, un temps arrêté. Elle est toujours au passé. Elle est la preuve de quelque chose qui a existé (les premières images : portraits, paysages, monuments, etc., ont été réalisées pour immortaliser un événement). L'image est souvent anachronique et chronologique à la fois, elle mêle diverses époques : les gens, la rue, les vêtements, les monuments (venant de temps différents).
La décision appuyer sur le déclencheur provient d'une volonté consciente d'un cerveau, elle est toujours préméditée, préconçue, pré-vue par le photographe. Le choix de la prise de vue n'est pas anodin, il naît en partie de l'inconscient, de notre mémoire visuelle, ou de sujets qui nous rappellent quelque chose : "On dit que j'imagine, c'est pas vrai, je me souviens." (Van Gogh). En ce sens, elle est plus du domaine de l'intelligible que de celui du visible ou du sensible.
La représentation Comme le dessin et la peinture, elle a ensuite à voir avec la représentation (découpe de la réalité par des cadrages, montages de différents plans de réalité, déplacement du regard, déformation de la vision, etc.) Elle est un lieu qui s'adresse à l'imaginaire, un lieu où l'artiste crée une symbolique qu'il appartient au spectateur d'interpréter. En cela, elle obéit aux mêmes règles que la peinture. L'art conceptuel a déplacé la notion d'art et de sujet. Depuis Duchamp, le concept remplace la matérialité de l'objet.
L'outil
Entre l'œil et le sujet, un appareillage technique se réinvente sans cesse pour obtenir de nouveaux effets visuels - nouveaux filtres de la réalité. Depuis le milieu des années 90, avec l'informatique, la photo a subi une révolution technologique. Les supports classiques se sont dématérialisés et remplacés par la numérisation. Le 0 et le 1 ont remplacé papier, sels, produits, pellicule, etc.
Le stockage a été bouleversé de même que le travail sur l'image. Le numérique est venu s'ajouter à la complexité du traitement d'images. Si la dématérialisation facilite la circulation des données et des synergies, elle pose des problèmes d'authentification ou de conformité à la réalité (tout devient aisément manipulable).
L'image
Au contraire du discours qui nécessite une langue particulière, l'image photographique n'est réductible à aucune langue, ni à aucun système de signes. Elle s'ouvre à toutes les interprétations, s'impose d'emblée avec brutalité, universellement, d'où sa force et ses dangers.
L'image n'est jamais neutre. Elle prend parti. Elle est un choc, un conflit ou instaure un dialogue. Elle est aussi un mensonge (trop de lumière aveugle, on montre pour mieux cacher, etc.), mais quelquefois, elle est un mensonge plus vrai que la réalité.

La Photo contemporaine
Elle est :
-documentaire : catalogage, exploration des limites du réalisme par la technique numérique, photographie neutre ou regard objectif d'une extrême précision, photographie du presque rien, du négligeable, du "pas intéressant", etc.
-narrative : élément d'une narration, le sujet, le moi, l'autofiction, les relations inter personnelles, l'au delà du photo-journalisme (lieux de désastre, de guerre).
-plastique : picturale, construite comme un tableau, Mise en scène, concentration d'un récit dans une seule image, voire la recherche d'une dématérialisation du sujet. Montrer l'au-delà de la réalité, photo d'un monde idéal, perfect, lisse, coloré, très travaillé. Les pratiques photographiques actuelles exploitent l'iconographie historique, la reconstitution de peintures ou de photographies célèbres, les imitations d?images de la publicité, de la presse, l'imagerie scientifique, ou les images de surveillance). Cette catégorie entretient le débat autour des « notions d?originalité, d?auteur et de véracité ».
- Ou les 3 : Suzanne Lafont interroge ces 3 aspects en pratiquant la photographie non pas pour « cataloguer le monde » mais pour « trouver une nouvelle relation entre le monde et l'instrument ». Cindy Sherman interroge les effets de la multiplication des images dues au médias, et sur notre interprétation du réel et de nos comportements.
Sophie Calle revendique le fait d?ignorer les subtilités des manipulations techniques, la photographie n'étant pour elle qu?un des éléments visuels de ses projets. Nan Goldin, sur le modèle de l?album de famille, multiplie les clichés pour dérouler une narration intime et autobiographique.
Jeff Wall la conçoit comme un prolongement des problématiques picturales classiques.
Pour sortir de la photo classique, des recherches...
- sur la photo atemporelle - sur la photo lente (instantanés lents de Bustamante) - sur la photo non narrative, non esthétique, non construite, non fictionnelle, mystérieuse. - sur la problématique des tirages multiples et faire de la photo un objet original unique.

La photographie est un art subversif, destiné à perturber la lecture du réel, à bousculer les codes qui conditionnent la perception et la représentation, mais aussi à montrer des dimensions extra-ordinaires ou inconnues, jamais vues.

30 mai 2014