CENTRE POMPIDOU DE METZ

Collections photos du FRAC

Dans une immense pièce plongée dans le noir, deux cent œuvres de la collection photographique du Frac Lorraine sont proposées pour une découverte à tâtons, munis de petis lampes individuelles qui donnent des petites loupiotes bleutées pas très éclairantes. La première chose distinguée est le ballet de petites lumières baladantes éclairant des murs couverts de phrases courtes et de photos.
On s'approche de très près pour distinguer les photos et lire leurs cartouches. Une expérience originale où l'œuvre n'est pas donnée, mais à découvrir un peu comme un archéologue muni de sa lampe à qui l'objet apparaît peu à peu. Tout est intéressant : e trajet subjectif de l'œil, le balayage de la lumière, le retour au cartouche pour savoir son titre, l'auteur, ses commentaires, etc.
Les phrases recouvertes sont en contrepoint, sans liaison ni entre elles, ni avec les photos. Comme pour nous offrir encore une lecture différente.

Près de soixante artistes majeurs de ces quarante dernières années sont représentés, avec parmi eux Bernd et Hilla Becher, Nicholas Nixon, Roman Opalka, Peter Downsbrough, Willie Doherty, Hamish Fulton, Roman Signer, Gina Pane, Esther Ferrer, Joel-Peter Witkin, William Wegman, Marine Hugonnier, Eric Poitevin, Lee Friedlander, Balthasar Burkhard…

SOL LEWITT - Dessins muraux

Tout le troisième étage du musée a été organisé en cellules carrées (cubiques?) sur les murs desquelles ont été réalisées 33 dessins, soit 1200 mètres carrés  dessinés, probablement la plus importante surface dessinée au monde.
Ces dessins, essentiellement géométriques ont été réalisés par l'équipe américaine de Sol Lewitt, associée avec une trentaine d'étudiants en art de Metz. Un travail d'une grande complexité technique nécessitant un rendu impeccable. Un making off a été réalisé (visible sur YouTube) où on voit toutes les étapes de la réalisation : traçage de lignes, mise en place des caches, des scotchs, puis le travail de matière jusqu'aux infimes détails finis au pinceau...
Sol Lewitt, venu de l'Art Minimal, se considère dans ce travail plutôt comme un conceptuel. Pour lui, le concept est plus important que sa représentation. C'est l'idée de l'œuvre qui est importante, pas l'oeuvre réalisée. Une fois prédéfinis tous les aspects, il considère que la réalisation est affaire de techniciens. Il  a d'ailleurs prévu une certaine liberté qui fait qu'il peut y avoir des conséquences inattendues ou imprévues..
L'œuvre doit être mentalement intéressante pour le spectateur mais émotionnellement neutre. L'intelligible se passe du sensible ("même un aveugle peut l'apprécier, il suffit de la lui décrire"), et même quand elle a été détruite, l'œuvre existe toujours. Quand quelque chose a été pensé et conceptualisé, il ne peut être défait. 
Un croquis avec quelques notes signés de la main de l'artiste permet à l'acquéreur de représenter l'œuvre à l'endroit ou sur le support qu'il désire.
L'art, c'est de la pensée visuelle.

Petite ballade à Metz