Elche

Un ciel bleu zébré d'autant de soleils verts, c'est la belle image que nous offre la plus grande palmeraie d'Europe (200 000 palmiers dont 95% de palmiers dattiers). Une telle concentration de palmiers a quelque chose d'étrange et de magique.
Grâce à un micro climat particulièrement propice, quelques espèces indigènes existaient, mais ce sont les phéniciens puis surtout les arabes avec leur système d'irrigation, qui ont permis le développement de cette magnifique palmeraie.
Les palmiers ne sont pas des arbres, mais des herbes géantes, elles sont parmi les plus anciennes espèces de plantes (au moins 80 millions d'années). Leurs troncs ne sont pas en vrai bois, il résulte de l'addition de faisceaux de fibres végétales ; ils n'ont pas non plus de feuilles, mais des palmes.
Habitués des pays chauds, ils ont paradoxalement grand consommateurs d'eau. Ils poussent au bord des fleuves et des points d'eau. Ils  ont été très utiles dans l'économie agricole car toutes les parties de la plante sont employées à la fabrication d'objets : meubles, ustensiles de cuisine, etc.
Avec le « bois » des stipes, on fabrique aussi des planchers, des murs, et avec les feuilles on réalisait souvent la couverture des maisons.
Mais leur principal atout, ce sont leurs fruits, les dattes, qui sont depuis des millénaires les aliments de base des populations.

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La ville actuelle d'Elche a été construite dans la palmeraie pendant la domination arabe.  Elle a succédé à Illici, la ville antique, située à quelques kilomètres de là.
C'est à Illici qu'est née et a prospéré dès le 7e siècle avant notre ère la civilisation Ibère mal connue encore, mais dont les vestiges laissent entrevoir la richesse et le raffinement. 



La Dame d'Elche, bien sûr, ce buste de femme d'une beauté extraordinaire dont on ne sait s'il est celui d'une Princesse, d'une reine ou d'une dame de haut rang. Son visage fin aux lèvres colorées est couvert d'une coiffe remarquable avec deux grands "tambours" qui couvrent les oreilles d'où pendent des petites chaînes liées à une lanière qui lui ceint le front. Elle porte une tunique de lin, une mantille tenue par un peigne et un manteau pesant. Elle porte un beau collier, des bijoux d'or. Les traces nombreuses de polychromie laissent penser qu'elle était toute entière peinte et maquillée.
Sculptée dans une pierre de la région, un calcaire fin légèrement orangé, elle présente un port de tête remarquable. Elle est considérée comme une des sculpture les plus belles du monde.

Miraculeusement préservée, elle a été retrouvée en 1897 par un paysan. Un archéologue français, passant par là (il visitait des amis) a tout de suite compris son immense intérêt et l'a faite rapidement achetée par le Louvre.
Échangée pendant la guerre de 40 à la demande de Franco (contre un Velasquez), elle est devenue le symbole de l'Espagne et les habitants d'Elche lui vouent un culte particulier. Des effigies d'elle sont partout dans la ville et de très nombreuses études lui sont consacrées.  
La palmeraie a été préservé par un curé qui s'est battu pendant des années pour empêcher l'urbanisation galopante, et grâce ensuite à un nouveau propriétaire qui n'a pas cédé aux appâts du gain.
Aujourd'hui parfaitement entretenue, cultivée, elle est avec la Dame le symbole et la fierté de la ville.

La palmeraie a ėté classée au Patrimoine de l'Humanité en 2000 ainsi que les cérémonies liées aux mystères d'Elche.
Un culte des mystères est dédié à la Vierge dont la fête principale se déroule le 15 août, mais dont la légende donne également lieu à des manifestations quelques jours après Noël. Les 28 et 29 décembre date de la découverte par un garde-côtes d'un radeau contenant une représentation de la vierge et un manuscrit expliquant la manière de célébrer ce mystère.


Depuis la plage de Tamit à Pola où elle fut découverte à quelques kilomètres d'Elche l'effigie de la vierge est conduite en procession sur un char orné de palmes et tiré par deux beaux taureaux noirs jusqu'au l'Huerto des las Portas, un grand jardin à l'entrée d'Elche où la population costumée ainsi que des effigies de géants se rassemblent pour la conduire à l'église.
Mélange de traditions païennes et chrétiennes, les festivités organisés par les habitants animent la ville. On y croise des Romains en tenue avec leurs casques à cimiés, des bédouins, des moutons, des chèvres, de belles jeunes filles en robes à crinoline se, des hommes à cheval, etc.
Des milliers de pétards explosent, les gens sont dehors avec leurs enfants, une ambiance festive et sympathique.

 


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