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Delphine et Marc Stammegna

Fondation Monticelli



Face à Marseille, l'Estaque, un village de pêcheurs devenu paradis des peintres a vu en 2010 l'inauguration de la Fondation Monticelli, due à Delphine et Marc Stammegna, un couple d'amoureux des arts. Le site est grandiose, juché sur les rochers abrupts dominant la mer et couverts de pins maritimes. Un vieux bastion superbement réhabilité abrite aujourd'hui une des plus belles collections de ce peintre dont Van Gogh était un grand admirateur.

File et petit-fils de restaurateur de tableaux, Marc Stammegna a baigné dans l'art dès son enfance. En leur compagnie, il a appris son métier, du simple coup de brosse à dépoussiérer aux diluants les plus actifs.
Son grand père, arrivé d'Italie en France dans les années 30 comme tailleur de pierre, (il obtient sa naturalisation en 1938) apprend le métier de restaurateur dont il devient un des meilleurs praticiens.
Marc, dès l'âge de 14 ans, sait qu'il en fera aussi sa profession. Il s'inscrit aux Beaux arts de Marseille, suit des études d'histoire de l'art.
Dès l'âge de 17 ans, il quitte ses parents et travaille pour payer ses études.
Il crée ensuite (année ?) son propre atelier, mais ne peut focaliser son attention que sur ce qui l'intéresse vraiment, essentiellement des tableaux du XIXe siècle, ceux des premiers peintres à chercher la lumière à l'extérieur. Il œuvre pour les brocanteurs, les musées, son entreprise se développe, le travail ne manque pas. Comme son grand-père ami de Marquet et de nombreux peintres, il commence une collection.


De collectionneur à galeriste, le pas est vite franchi.
Tout en gardant son atelier de restauration, il ouvre sa première galerie où il présente essentiellement de la peinture classique des années 1830-1930 jusqu'au Fauvisme.
Son amour pour les bronzes a pris racine à 14 ans, le jour où sa mère, femme cultivée, très attentionnée, apprenant les livres par cœur pour le faire travailler, lui a offert son premier bronze, une œuvre de Barye, un sculpteur animalier renommé, dont elle lui raconte l'histoire.
Tout en gagnant sa vie avec son métier de restaurateur, Marc se constitue une collection de bronzes animaliers et de peintures. Très souvent, il se rend à Paris, au marché de Saint Ouen pour acheter des bronzes qui, à l'époque, coûtaient peu cher.
Il s'associe avec un ami, ex-mercenaire, passionné de restauration à qui il offre le stage de l'Ecole du Louvre. C'est lui qui, dès lors, va réaliser tous les travaux. 
Contrairement à ses amis marchands qui achetaient pour revendre rapidement, Marc constitue des stocks de bronzes de sculpteurs dont il connaît parfaitement l'histoire et le parcours, devenant un expert avisé.
Un peintre, Monticelli, le fascine particulièrement. Sa touche puissante et délicate, sa maîtrise poétique des couleurs ont été admirés par Van Gogh. Dans de nombreuses lettres, il dit son admiration pour ce peintre précurseur, maître de la couleur, "dans la lignée de Delacroix". Ses bouquets de fleurs qu'il recopiera tout un été au début de sa période parisienne (1886-1887) vont constituer un excellent apprentissage grâce auquel il se dégage de sa palette plutôt sombre de la période hollandaise. Les Japonais, Rubens, Delacroix, ont largement préparé le terrain. Vincent était prêt à s'attaquer aux couleurs vives et Monticelli sera un passeur idéal.
Comme dit Marc : "Monticelli, ça se lit, ça ne se regarde pas. Il est intarissable pour cet artiste dont il devient un des plus grands collectionneurs (avec un Américain et un Japonais) et continue d'acheter tout ce qu'il trouve (il a eu en sa possession jusqu'à 300 tableaux).

Delphine et Marc ont à cœur de faire reconnaître Monticelli et l'écrin qu'ils ont trouvé sur des lieux qu'il a fréquentés et peints va contribuer à cette reconnaissance méritée.
Leur rencontre d'ailleurs s'est faite sous l'aura de Monticelli. Delphine a été séduite par la façon dont Marc lui a raconté la vie et l'œuvre de cet artiste.
Jusque là, dans sa galerie, ouverte en 2003 (devenue aujourd'hui galerie Paradis), Delphine présentait des artistes vivants. Désormais, l'aventure de la Fondation va l'occuper à plein temps. Elle organise les expositions, les conférences et aussi les soirées privées (très appréciées dans ce cadre sublime).

Actuellement, en plus des collections permanentes, est présentée l'exposition :
"De Degas à César : L'Histoire d'un Collectionneur »
Jusqu'au 31 décembre, on peut y admirer des bronzes sublimes de Degas, Bonnard, Bugatti, Renoir, Froment Meurice, Sandoz, Barye, Guyot et Pompon dont les formes épurées annoncent le design d'aujourd'hui.
César, le marseillais de la Belle de Mai est représenté par deux très belles sculptures qui, malgré leur apparence non finie, leur assemblage qui peut paraître hétéroclite, sont aujourd'hui très classiques.

Les grandes verrières ouvertes sur la mer face à Marseille offrent un spectacle époustouflant qui nous fait ressentir l'amour qu'ont eu tous les peintres pour ces paysages magnifiés par la lumière scintillante de ces eaux bleues.

 


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