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Braque au Grand Palais
Autant Picasso était solaire et sociable, autant Braque était discret, réservé. Ancien boxeur, musicien, il est peu loquace, se liant très peu. À eux deux, "en cordée", dixit Pablo, ils ont révolutionné l'art. Le sujet du peintre n'allait plus la réalité, même sous ses représentations excessives (Van Gogh) ou évanescentes (Monet), mais la forme elle-même et le jeu des lumières. L'exposition au Grand Palais rend un hommage attendu à Braque, discret aussi dans sa célébrité (relativement peu d'événements lui ont été consacrées). On voit comment le peintre a traversé la figuration et la couleur, les a dépassées pour y revenir quarante ans plus tard, considérablement enrichi. De cézannien, le cubisme a été ensuite analytique (pendant la grande période 1910-1912) où tous les jours, travaillant de concert avec Picasso, ils exploraient les nouvelles pistes ouvertes par cette approche. Les représentations sont de plus en plus incompréhensibles et la couleur disparaît presque (quelques nuances de beiges de gris, de bleus éteints). Le Cubisme est à ce moment là presque hermétique et ouvre la voie à l'abstraction. Puis il continue à se complexifier, on le nomme alors synthétique. Au retour de la guerre de 40 où il a été gravement blessé, et jusqu'à son décès en 1961, Braque revient aux paysages, aux portraits, abandonnant les natures mortes pour réaliser des représentations plus figuratives. Ses deux derniers thèmes : l'atelier de l'artiste et les oiseaux sont d'une beauté étrange inattendue et impressionnante. |