Keith Sonnier / Cat Doucet serie
Galerie Guy Pieters Saint-Paul
Keith est né à Grand Mamou en Louisiane, dans le pays cajun, un creuset de cultures dont le parler est issu d'un patois français du XVIIIe siècle mélangé de l'Indien et de l'afro-américain. Toute son enfance, Keith a baigné dans la langue et la musique cajun (sa grand-mère jouait de l'accordéon et son frère du violoncelle).
Une maladie, alors qu'il avait quinze ans, a déterminé sa vocation. Cloué au lit pendant des mois, il dessine sans cesse et décide d'être artiste.
Il suit des études à La Fayette, près de Grand Mamou (un des morceaux cajun les plus célèbres s'intitule : "Allons z'à La Fayette"). Il séjourne une année en France, d'abord dans le Calvados, puis à Paris.
L'exposition "Oracle", de Rauschenberg en 1964, au Musée d'Art Moderne va l'impressionner. Cette grande installation avec des portes de voitures, des baignoires, des tuyaux, des poubelles, des émetteurs satellites, etc., va l'entraîner sur d'autres voies que celle de la figuration.
De retour à New-York, il obtient une bourse d'un an pour la Rutgers University.
Minimaliste comme ses amis artistes de l'époque, il crée ses premières œuvres en tissu, des pièces tactiles et gonflables aux formes érotiques. Il devient membre du Ruthers Group avec Segal, Lichtenstein, Morris, Yvonne Rainer, etc. Il rencontre aussi des artistes du groupe Fluxus.
Intégrant des éléments technologiques avec d'autres plus classiques comme le tissu, le verre, son travail sur le langage des formes l'amène à utiliser le néon.
En 1968, il réalise sa première œuvre intégrant un néon et fait sa première exposition dans une petite galerie de New York. Il exposera ensuite à la Galerie Rolf Ricke de Cologne.
Dans les années 1970, les jeunes artistes new-yorkais comme Jasper Jones, Rauschenberg, Bruce Naumann, Richard Serra, etc., étaient bien accueillis en Allemagne. Plutôt qu'acheter leurs œuvres, les banquiers allemands avaient l'habitude de faire venir les artistes pour les faire travailler sur place. Les musées, sous l'impulsion de directeurs dynamiques, les soutenaient aussi en achetant leurs œuvres.
Ses expositions le font voyager : Japon, Inde, Indonésie, Brésil...
Dans son travail entre nature et technologie, Keith intègre le Pop Art, le Minimal Art et Fluxus. Il crée un art inséré dans le quotidien, un art mixant les catégories, les matériaux et les cultures.
Le néon, devenu un élément essentiel de son travail, est un matériau difficile. Il doit être préparé par de nombreux dessins, croquis, maquettes. Avec des bambous, des matériaux de récupération : antennes de télé, grillages, bidons en plastique, pièces de métal ou d' aluminium, Keith crée des figures anthropomorphes (femmes, danseurs), des abstractions excentriques aux formes sensuelles qui expriment sa volonté d'érotiser les objets.
Le néon lui permettant aussi de dessiner dans l'espace, ses traits de lumières colorées vont intéresser les architectes qui lui demandent de participer à leurs projets. Ses néons vont dès lors engager un dialogue avec l'architecture en soulignant les volumes et les structures.
En 1996, pour aider son père et assister sa mère atteinte d'Alzheimer, il retourne vivre quelques mois en Louisiane.
Il retrouve dans la cave de ses parents des objets venant du magasin de fleuriste se sa mère. Certains sont si chargés émotionnellement qu'il décide de les envoyer à New York pour les intégrer dans ses œuvres, celles-là mêmes présentées actuellement à la galerie Guy Pieters.
De son enfance, Keith a gardé des images de bayous, de natures luxuriantes, de musique cajun, et de Cat Doucet, le shérif de sa ville.
Doucet était un personnage étonnant, grande gueule et amis des pauvres et des afro-Américains qu'il n'a cessé de défendre à une période où la ségrégation sévissait encore gravement sur les bords du Mississipi.
Dans la série Cat Doucet, Keith exprime ses émotions premières : impressions d'arbres, de feuilles, de végétation avec fruits inspirées des cultures primitives ou préhistoriques.
Sa volonté essentielle est de faire rencontrer, de mixer des éléments inattendus pour créer des rencontres indispensables.
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