Musées de Berlin

Le Pergamon museum : une œuvre de Hoffmann sur des plans de Messel, c'est le premier musée d’architecture d’Europe. Il abrite des reconstitutions grandeur nature de morceaux de bâtiments antiques tels que la porte romaine du marché de Millet, le propylon du temple d’Athéna ou l’autel de Pergame qui sont à l’origine du nom de l’appellation du musée.
Carl Humann, un archéologue allemand, a découvert l’autel en fouillant l’acropole de Pergame en Turquie, élevé au 2e siècle av. JC en l’honneur de Zeus pour célébrer la victoire de la cité sur les Galates. Démonté avec l’accord de l’empire ottoman il arrive à Berlin en 1886.
Cet autel est impressionnant avec son escalier monumental dont le soubassement présente une frise de plus de 120m de long sur 2,30m de haut figurant une gigantomachie. L’escalier nous fait accéder à une terrasse entourée d’autres fragments de frise narrant l’histoire de Télèphe, fondateur de Pergame. Au centre de cet espace, à l’endroit où devait se trouver la table d’autel sur laquelle les sacrifices avaient lieu, a été placé un véritable joyau de la mosaïque d’époque hellénistique. Dite au perroquet, elle a été découverte dans le palais de Pergame.
D’une finesse incomparable. Des pierres de couleur minuscules dessinant des arabesques, des fleurs, des angelots. Un tapis multicolore avec un perroquet dans un cadre.

On retrouve cette monumentalité dans tout le musée. Des colonnes de dix mètres de haut. Le architectes de Pergame avaient subi l’influence des égyptiens et des Perses qui bâtissaient toujours plus haut. Les Grecs, plus mesurés, construisaient à taille humaine ; la monumentalité, c’était pour les barbares…
Du règne de Nabuchodonosor date Ia porte d’Ishtar (déesse de l’amour et de la guerre) et sa voie sacrée de lions furieux. Une splendeur.
Au musée islamique : tapis, tentures, orfèvrerie, coupoles en bois d’Andalousie et la chambre d’Alep, toute en bois peint.

L’Altes Museum
Au rez-de-chaussée, la Grèce antique : de l’archaïque où on retrouve les figurines très stylisés cycladiques avec leur sourire dit "archaïque", à l’héllénistique avec ses parures et ses tissus plissés.
Céramiques aux figures rouges, sculptures en bronze (il en reste peu) et copies romaines en marbres. Belle mosaïque avec un tigre.

Au premier étage, on est au cœur de l'Egypte avec les statues de la première dynastie. Les canons classiques : la pose assise du seigneur, le pied avancé du marcheur indiquant que le prince n’est pas inerte, qu’il agit, qu’il avance; l’homme cube, le scribe… et une belle tête d’homme semble tellement moderne qu’elle serait indatable.
Nefertiti elle-même nous accueille. Sa célèbre tête magnifique retrouvée dans l’atelier du sculpteur. Elle servait de modèle pour les apprentis. Magnifiquement conservée : les couleurs, la pose, l’œil pas fini (pour montrer les étapes). La femme la plus célèbre d’Egypte avec son petit sourire jocondesque, ses traits marqués, son esthétique "moderne", imposée par son mari Akhénaton, fondateur du premier monothéisme.

La visite du château de Sophie-Charlotte
Sympathique l’Impératrice Sophie-Charlotte : musicienne, amie et mécène des artistes et des savants, ouverte sur la nouveauté, tolérante. On traverse les salles en enfilade. Des portraits, des portraits, des dorures, des bois chantournés, c’est hyper chargé et pas beau. Des artisans sûrement très talentueux (verriers, bijoutiers, porcelainiers, etc.), des fresquistes adroits, des tisseurs doués, mais cette période des châteaux rococos et des grands jardins à la française m'ennuie.
Près du château, on visite le collection Berggruen, un galeriste collectionneur qui a légué sa belle collection d’œuvres de Matisse, dont une centaine de peintures et dessins de Picasso.

Le Musée Brohan, lui, est consacré à l’art déco : promenade entre les meubles, et les bijoux Lalique.
Un autre musée d’archéologie bénéficiant d’une muséographie moderne présente des collections de la préhistoire au Moyen-Age, de provenances très diverses. On est séduit particulièrement par le fameux trésor de Priam découvert par Schliemann dans les fouilles de Troie et le chapeau pointu tout en or..

Hamburger, une gare (comme Orsay) reconvertie en musée d’art contemporain. Au rez-de chaussée, installation de Kiefer avec avion et tableaux de plomb, bibliothèque de livres en plomb… Comme toujours un travail superbe, fort, évocateur du même univers rencontré au Judische Museum. Lui est allemand, enfant de la guerre, marqué par les destructions, le chaos d’après guerre. Ses immenses toiles sombres ou cendrées couvertes de signes, de traces, d’épaisses matières terreuses évoquent ce qu’on dû ressentir les enfants nés pendant ou au lendemain de ces années noires.

Installation classique de Richard Long, du minimalisme, de l'abstraction géométrique, de l'installation, puis Warhol et la crème des artistes de la deuxième moitié du XXe siècle.
Une grande salle pour Beuys et ses obsessions. Son histoire aussi née de la guerre. Son avion abattu, brûlé au troisième degré, il est recueilli par des Tatars qui enduisent son corps de graisse et le couvrent de feutre. Cette expérience et les années qu’il va vivre dans les hôpitaux ont déterminé son œuvre : costume en feutre, avions, graisse, pièces de métal.
Le sous-sol est gigantesque. Les ex-quais et entrepôts (des milliers de mètres carrés) sont remplis d’installations, d’expos de photo, de sculptures, etc… on pense à la biénale de Venise. Il faudrait y passer plusieurs jours. C’est ce que j’ai vu de plus grand dans le genre.