Berlin

Je craignais de me retrouver dans la capitale du Reich, mais Berlin est une ville jeune, active, multiculturelle, qui dégage une énergie positive et non agressive.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’étendue. De longues et larges avenues presque vides séparent des quartiers. Il semble qu’il y ait plusieurs Berlin différents, tant chacun est caractéristique.
Nos pas, le premier soir, nous amènent d’abord à check point Charlie, le fameux point de passage du mur. Une petite baraque très éclairée sous le fameux panneau « You are leaving the american sector… » et deux portraits d’un soldat américain et d’un soldat soviétique, œuvre de Frank Thiel. L’américain regarde vers l’Est et l’Allemand de l’Est regarde vers l’Ouest.
On passe à l’Est mais rien…, pas d’impression ne se dégage, tout a été transformé, il n’y a plus de mur, plus de miradors, plus de barbelés, plus de chiens dans un tunnel… Seul un espace un peu vide qui laisse deviner qu’il y avait là une rupture. 193 rues ont été bouchées en 1961, les immeubles frontaliers ont été murés ou démolis, les familles ont été séparées du jour au lendemain.

Dans le Mauermuseum (Musée du mur), de nombreux témoignages comme celui d’une mère qui n’avait plus vu ses enfants depuis quatre ans et qui hurlait dans la rue que c’était assez ! Qu’il fallait que le monde fasse quelque chose. Mais « le monde », ceux qui le dirigent, s’étaient arrangés comme ça. Comme ceux de Berlin Est : les cerveaux, les artistes, les ingénieurs... ne voulaient pas rester tranquilles : ils fuyaient tous à l’Ouest. Il fallait arrêter ça. Comme les soviétiques n’allaient pas lâcher Berlin, alors… un mur et des barbelés. Cette solution leur convenait…Les familles attendraient… Elles ont attendu vingt huit ans pendant lesquels le mur n’a cessé de se renforcer. Les premiers temps, il était encore plein de trous, même les soldats de l’Est qui étaient censés le garder passaient à l’Ouest (plus de 2000).
Mais beaucoup n’ont pas voulu attendre ; ils ont trouvé toutes sortes de façons de passer le mur : sous l’eau ou dans les airs avec des engins bricolés, sous terre en construisant des tunnels, en se cachant dans des valises, des sacs, des voitures… Cette imagination folle est retracée dans le musée ; photos des heureux émigrés ou de ceux qui ont manqué leur tentative, des témoignages émouvants, des histoires toujours extraordinaires…

Berlin a été détruite à 60% pendant la guerre puis, à partir de 1961, il y a eu le mur (jusqu’en 1989). La ville ne s’est pas développée normalement. Et cela se voit. Beaucoup de vides entre les immeubles, de longues avenues désertes et sombres séparent des îlots de lumière où des immeubles clinquants rutilent de miroirs, de vitres réfléchissantes, de murs rideaux éclairés à giorno.
Tous les grands architectes (Piano, Gehry, Isoaki, Nouvel, Foster, Calatrava, etc.) ont été convoqués après la guerre, puis surtout après la chute du mur qui a laissé en friche des millions de mètres carrés en plein cœur de la ville. Une aubaine pour les promoteurs, les architectes, les bâtisseurs. Il y avait même l’argent nécessaire, l’économie allait bien.
On a construit (grands magasins, bureaux, habitations, nouveaux quartiers...) - et ça ne s’arrête pas. Le centre ville – celui de Alexander Platz - est en travaux. Des projets grandioses sont en cours.
Des quartiers entiers ont vu de jour depuis les années 90. A Postdamer Platz, les constructions les plus délirants. Les entreprises multinationales s’y sont installées (Sony, la DB, etc.)
Près de la porte de Brandebourg, en revanche, les architectes ont été cadrés : pas de hauteurs, un équilibre pour les ouvertures, de la discrétion...

La Porte de Brandebourg n'est pas très grande mais majestueuse avec son quadrige posé dessus (Napoléon le leur avait piqué mais ils l’ont récupéré). Nous y étions avec des milliers de berlinois pour franchir le cap de l’année 2007 à 2008. Pétards, feux d’artifices, boissons, une ambiance énorme.
Alexander platz, très large place encore encours de restructuration marquée par son passé socialiste reste le cœur de Berlin. Avec le quartier de l’église saint Nicolas, nous faisons une incursion dans l’époque médiévale, ses ruelles avec ses maisons et ses auberges reconstruites à l’identique avec les matériaux originaux, le Rathaus, le palais Ephraïm…
Le Reichtag.
Un bâtiment lourd et imposant dans lequel Foster a intégré en son centre une superbe la colonne évasée couvrant le parlement, faite de miroirs et de métal chromé. Très visité. Une heure de queue dans le froid, les pieds gelés mais ça valait le coup. Une rampe nous fait grimper tout en haut, une terrasse à 180° qui domine Berlin.

La Fernsehturm, création de la RDA très réussie, cette tour de télécommunication de 360 m, la deuxième plus haute d’Europe abrite un restaurant panoramique tournant d’où on peut contempler tout Berlin. L’audioguide après le repas nous décrit les quartiers traversés. Voir Berlin d’aussi haut (200 m) est impressionnant. Les longues avenues, les quartiers modernes, les fleuves, les plans d’eau, les espaces verts, une leçon d’urbanisme… A la tombée de la nuit, les lumières des files de voitures, des bâtiments éclairés, des avenues, des grands magasins, des monuments, qu’on reconnaît… Un moment inoubliable.

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