Visite à la Fondation Monticelli

L'arrivée à la Fondation est déjà impressionnante. Avant d'en franchir la porte, on est confronté à un paysage époustouflant. La rade de Marseille est là, devant nos yeux, une belle courbe, enserrant une mer bleue étincelante. Marseille est juste en face. On distingue nettement la ville avec Notre Dame de la Garde dominant le port. La masse architecturale à ses pieds est comme arrêtée par les eaux, prête à se déverser dans la mer. De là, on comprend les raisons qui ont fait de Massalia un des principaux ports du monde et sa beauté nous éblouit.
Nous entrons dans la fondation consacrée à Monticelli. Depuis longtemps, j'attendais de la visiter.
Monticelli, je l'ai beaucoup fréquenté dans mes lectures de van Gogh. Vincent l'a souvent mentionné dans ses lettres. Il rêvait d'acheter ses tableaux (il en avait fait acquérir quelques uns par son frère Theo). Il avait passé tout un hiver à faire des copies de ses éclatants bouquets de fleurs pour en percevoir les jeux de couleurs, les complémentaires, la vigueur du pinceau. Il l'a même adoubé comme un des plus grands coloristes du monde, descendant directement de Delacroix. Le personnage (dont il a vu un portrait) l'avait inspiré. Il avait envisagé d'aller à Marseille et de descendre la Canebière, habillé comme lui, avec un chapeau, une cape, et.... un grand air méridional. Il le défendait contre ceux qui le traitaient d'ivrogne, car pour maîtriser tous ces tons, il fallait sacrément être intelligent et avoir la main sûre. Bref, Monticelli était l'ami de Van Gogh et comme les amis de mes amis sont mes amis, je l’aimais bien. Je connaissais son œuvre, j'avais le catalogue de la belle exposition à la Charité, mais je n'avais pas encore vu l'écrin que Marc et Delphine  Stammegna lui avaient trouvé... Un fortin face à la mer, avec de grands pins parasols au bord de l'eau, le paysage provençal type qui a inspiré des centaines de peintres. Un bâtiment militaire abandonné qu'ils ont complètement réhabilité et réaménagé. Monticelli et Vincent seraient contents !



Moderne, un beau fond de bois rouge mettant en valeur les œuvres, il offre une promenade agréable entre les peintures de plusieurs époques, de styles ou de manières différentes, où on reconnait certaines inspirations (Cézanne surtout). À l'étage, une très belle exposition de peintres de la Provence : des marines, des vues de ville, des paysages.
Pour dire vrai, j'ai été dans un premier temps plus attiré par la vue sur la mer. De cet étage, elle est sublime. Delphine, notre hôtesse charmante, virevoltante, adorant nous faire ressentir les beautés des œuvres, ne faiblissait pas.
Après la visite, de là où nous étions à contempler le paysage, nous avons vu arriver un homme à la démarche décontracté qu'elle nous a désigné comme son mari.



J'avais entendu parler de Marc Stamegna, LE collectionneur de Monticelli. Je savais qu'il se débattait depuis des années pour faire reconnaître son œuvre (ça vient) et avait créé cette fondation, mais je ne l'avais pas encore rencontré.
Dès que nous avons été présentés, le dialogue s'est ouvert et nous avons, comme des vieux amis d'amis, commencé d'évoquer des souvenirs communs, des événements, des analyses. Adolphe et Vincent devisant à travers Marc et Alain...